Une nouvelle étude sur la douleur avec l'IVG

 

Une enquête récente sur l’IVG

Les deux tiers des femmes qui subissent une interruption volontaire de grossesse déclarent avoir ressenti une douleur physique lors du geste. C'est le chiffre étonnant révélé le 15 mai 2013  par une enquête menée par OpinionWay pour le laboratoire Nordic Pharma, auprès de 499 femmes âgées de 16 à 50 ans et ayant subi une IVG au cours des cinq dernières années. Une enquête abondamment commentée par les professionnels des centres pratiquant l'IVG réunis pour le forum IVG 2013 à Paris.

Anesthésiste et coordinateur de l'enseignement de la douleur à la faculté de médecine de Nîmes (Gard), le Pr Éric Viel est étonné de l'intensité de la douleur décrite par deux femmes sur trois ayant subi une IVG: «Une douleur cotée 6 ou 7/10, ce n'est pas rien », remarque-t-il.  Même si la souffrance morale n'était pas l'objet du forum, l'enquête révélait aussi que près de neuf femmes sur dix en ressentaient d'une intensité supérieure à 6/10 dans l'échelle d'évaluation de la douleur. Elle était même très intense (au moins 8/10) pour 62 % des femmes. On comprend l'insistance du Dr Philippe David, gynécologue obstétricien à Nantes (Loire-Atlantique), à «ce que l'on conserve la distinction entre l'IVG et la contraception». Un avortement n'est pas anodin. Qu'il soit fait par technique chirurgicale, c'est-à-dire par aspiration sous anesthésie locale ou générale, ou qu'il le soit par technique médicamenteuse.

La méthode médicamenteuse, disponible en France depuis 1988 à l'origine sous le nom de RU-489 et désormais sous celui de Mifegyne, permet des IVG jusqu'à 9 semaines d'aménorrhée (absence de règles). Elle est autorisée en dehors de l'hôpital depuis 2004, et, désormais, un avortement sur huit à lieu ainsi. Les IVG médicamenteuses ont aujourd’hui ont pris le pas sur les IVG chirurgicales. Elles représentent 54 % du total des IVG. La méthode chirurgicale peut être employée jusqu'à 14 semaines d'aménorrhée.

Les risques d'échec de l'IVG médicamenteuse sont évalués entre 1,3 et 7,5 %, ce qui rend obligatoire la visite de contrôle destinée à vérifier que l'expulsion a été complète. Des saignements prolongés sont aussi possibles, dans environ 5 % des cas, parfois abondants, jusqu'à 12 jours après l'IVG. Les contractions utérines sont très fréquentes et nécessitent un bon protocole contre la douleur, aussi bien pendant le geste qu'avant et après. De rares cas de rupture utérine, d'infections ont été rapportés. De rares cas de chocs infectieux fatals ont aussi été décrits, particulièrement  avec des protocoles ne respectant pas l'AMM (autorisation de mise sur le marché, lire ci-dessous). L'IVG est peut-être fréquente, mais certainement pas un acte anodin médicalement.