Caroline 36 ans , avortement 2 mois

j'ai 36 ans et mariée depuis 13 ans, j'ai 2 enfants et une vie stable et confortable. Pourtant, il y a 2 mois, j'ai avorté. Ce que j'avais la sensation de bien faire pour 2 enfants, je me sentais incapable de le faire pour 3. Par égoïsme mais aussi par conscience, j'ai décidé de protéger ce que j'avais construit, de me donner le droit de vivre ma vie de femme et de professionnelle.

Pourtant, si toutes ces raisons rationnelles sont réelles et sérieuses, elles n'en demeurent pas moins une justification et un déni de ma détresse. Le sentiment d'avoir agis contre-nature, le regret de cet enfant qui ne verra jamais le jour, la certitude de ne pas avoir remplis mon rôle de mère protectrice et nourricière m'assaillent et me plongent dans une situation absurde et destructrice.  13 ans d'union, 13 ans de fidélité, d'écoute et de bienveillance dans notre couple qui sont en train de partir en fumée. Il y a un mois, j'ai commencé à céder aux sollicitations d'un jeune homme charmant avec qui je n'ai rien à faire. Il me rappelle que je suis une femme désirable, il me fait oublier l'inacceptable.

C'est paradoxal car une des raisons majeures de mon choix d'avorter était de préserver l’équilibre de la famille; équilibre que je mets à présent en péril à cause d'une obsession sordide. Je n'aime pas cet homme, je le désire, mais je n'ai aucun sentiment amoureux, et pourtant, il m’obsède, je fuis ma responsabilité et j'ai la sensation que cela fait suite au stress post traumatique de l’ivg. Avec lui, je me découvre désinhibée, explorant une facette trash des rapports sexués.

Je souhaitais témoigner pour 2 raisons : faire sortir par le partage une honte et une certaine culpabilité que je vis difficilement, mettre en garde d'autres femmes de ce retour de bâton, de cet instinct primal de vie et de chair, qui j'en suis sûre concerne d'autres femmes. Un avortement peut être profondément assumé et relativement bien vécus psychologiquement, mais il peut aussi être la base d'un processus traumatique impactant toute une vie. J'ai l'habitude de prendre beaucoup de recul, mon récit vous parait donc probablement froid et analytique, mais croyez moi, c'est un tsunami dans ma tête, et à l'heure actuelle, je n'imagine plus l'avenir.