Sandra 16 ans

J'ai 17ans, mais lors de mon ivg j'en avais que 16, c'était en septembre dernier, je faisais ma rentrée en terminale S quand j'ai appris que j'étais enceinte de 15 semaines.. J'étais choquée.. Je n'avais plus mes règles depuis le mois de juin, mon médecin me disait que c'était du au stress du BAC, au fait que mon copain parte faire ses études dans une autre ville, tout ça pour lui était "normal".. J'ai du aller une dizaine de fois chez lui  en me plaignant de ballonnement ou de nausées. à aucun moment, il ne m'a palpé le ventre. jusqu'au jour où j'ai vomi un matin, ces vomissements étaient du à un traitement que je débutais, et heureusement que ça a eut lieu puisque ça l'a fait réagir. Je suis allée faire une prise de sang. le lendemain j'étais en cours lorsque ma mère m'appelle pour me dire "c'est positif".. Je suis allée en urgence passer une échographie seule. On me dit que « je ne peux plus avorter en France », on me demande si je veux entendre son cœur, quelle question stupide...

La semaine suivante je pars donc en Espagne avec mes parents dans une clinique  où on me fait passer une autre échographie, le médecin me regarde avec de grands yeux histoire de dire "c'est une blague?", et oui, j'étais à 15 semaines et toujours plate comme une planche à repasser.

Deux jours après c'est le grand jour, à 7 heure à la clinique, et étant à jeun, mon tour vient, on me fait aller dans une salle, je n'ai le droit de rien prendre, ni téléphone, ni livre, ni le droit d'avoir mes parents avec moi. On me met sur un lit, j'étais la première installée, puis viennent d'autres filles, on était séparée les unes des autres par de simples rideaux blancs. On m'administre le fameux médicament pour déclencher les contractions... Le temps passe, je ne peux que regarder le plafond blanc et souffrir en silence, en entendant les autres filles hurler et pleurer.

C'était dur. Vers 11h une sage femme française viens me voir pour me dire que je passerai pour l'avortement à 12h, j'étais soulagée de savoir qu'il ne me restait plus qu'une heure. Mais à 12h elle revient pour me dire "j'ai dis à tes parents de rentrer" et la j'ai compris que ce n'était pas mon tout... Le médecin vient me voir, me dit que mon col n'est pas assez dilaté, et me donne un autre médicament, et c'est à ce moment la que les contractions sont devenues invivables, toutes les 30 secondes, pas de répits. Le temps passe, les minutes sont longues, et c'est à mon tour de passer, il est 16h. Cette journée était comme la pire de ma vie.

Et maintenant avec du recul je m'en veux, on nous a permis de donner la vie, et je refuse. J'ai tué une partie de moi, ce petit bout de chou qui était dans mon ventre... J'ai toujours l'échographie sur moi, ça fait parti de ma vie et je ne pourrai jamais passer au dessus, j'en fais des cauchemars, je revis cette journée toutes les nuits, je vais me coucher avec une appréhension énorme. J'ai peur tout simplement... Ça influence ma scolarité, mes résultats ne sont pas géniaux, je suis prise dans une école d'art mais ça ne me remonte pas le moral. J'ai du en parler à mon professeur principal pour que ça soit pris en compte dans mon bulletin et pour le BAC. Tout ça pour dire qu'il ne faut pas se renfermer sur soi, en parler à un professeur peu vous aider. Surtout quand dans votre programme d'anglais vous traitez un sujet comme celui des mères porteuses ou quand en ECJS vous devez faire un exposé sur les embryons. Ce qui est mon cas.

C'est une épreuve dure que vous ne pourrez jamais oublier, même si vous vous en persuadez, ça fait partie intégrante de vous…

Sandra 17 ans