Site icon Avortement.net

Clara 19 ans

Je n'avais jamais pris de moyen de contraception depuis l'âge de 15ans.

Tomber enceinte? Impossible, ça n'arrive qu'aux autres. A 17 ans, je rencontre un garçon parfait. Le coup de foudre. 2 mois plus tard, je me sens de plus en plus fatiguée, j'ai des nausées, je sens au fond de moi que quelque chose est en train de se passer.. J'en parle à mon copain, qui lui aussi l'a remarqué. Je suis quelqu'un de très sensible, alors j'en fais part à mes parents. Test de grossesse, le verdict tombe: Je suis enceinte.

Je ris, puis je pleure. Je ne comprends pas tout à fait ce qui m'arrive. Ce n'est pas possible. Mes parents s'occupent de tout: prise de sang, RDV écographie, gynéco.. Je ne fais que subir. Le délai est juste, il est encore temps d'avorter par cachets. Ouf, j'évite l'hôpital.

Je sais que je dois le faire, simplement je ne réalise pas. J'ai cette vie en moi, le fruit de notre amour, un petit bébé qui grandit. Je ne veux pas avorter. Je le fais parce que tout le monde me dit que c'est ce que je dois faire, et que je n'ai pas la force de me battre. "Tu as le BAC à passer, la vie devant toi, c'est pas le moment pour ça"

Ce n'est pas parce que ce n'est pas le moment que ça ne me touche pas.

J'avale les cachets un soir chez mon copain. Je ne suis pas bien. Je réalise à peine tout ce qu'il vient de se passer en une semaine, c'est trop pour moi. Je n'ai pas les épaules pour supporter tout ça. Je fais une dépression qui dure presque un an, le dialogue avec mon copain est rompu, mais on reste ensemble. Ca nous rapproche autant que ça nous éloigne.

Aujourd'hui à 21 ans, je suis célibataire, et j'en garde encore les séquelles. J'ai détruit une vie.

J'arrive à en parler depuis peu, ça fait pas longtemps que j'arrive à prendre un bébé dans mes bras, à ne pas pleurer à la vue de femme enceinte, de poussette, au rayon bébé dans les supermarchés. Je n'ai jamais eu autant envie d'être maman.

Mais ce n'est pas le moment, et ça, maintenant, je le comprends. Je ne remercierai jamais assez ma famille de m'avoir épaulée, même si sur le coup j'étais en état de choc et incapable de comprendre pourquoi on me faisait ça à moi.

Je n'oublierai jamais, je n'accepterai jamais, j'en souffrirais toute ma vie, mais quand le moment sera venu pour moi d'être mère, je chérirai mon enfant plus que tout au monde.

Ce que je retiendrai de tout ça, c'est qu'il faut en parler. Même si ça fait mal, même si c'est horrible, psychologiquement c'est tellement dur que le mieux est d'en parler. Ça aide à trouver la paix.

Aujourd'hui encore je me demande comment je vais pouvoir supporter ça jusqu'à la fin de ma vie.  Le temps ferme toutes les blessures, même s'il ne nous épargne pas quelques cicatrices.

 

 

 

Quitter la version mobile